Savitri au festival Chalon
Savitri – une quête d’amour et de liberté dans l’espace public
Un projet en création – Penda Diouf & Olivier Villanove accompagnés de la scénographe Juliette Morel
Au point de départ : Savitri la vaillante, un conte indien qui traverse les siècles.
Savitri est une jeune princesse en quête d’amour. Contre l’avis de ses parents, elle prend la route, parcourt le monde, rêve, espère, cherche… avant de découvrir, tout près de chez elle, celui qu’elle attendait.
Ce récit ancien parle d’émancipation, de désir, de l’élan vital qui anime l’entrée dans l’âge adulte. Que reste-t-il aujourd’hui de cette fougue ? Comment les adolescent·es pensent-ils l’amour ? Le futur ? L’idée d’une vie choisie plutôt que subie ?
Autant de questions qui alimentent cette future création, à l’issue de cinq semaines de recherche déjà menées.
Pensé pour un public à partir de l’adolescence, ce spectacle s’inscrira dans l’espace public, dans un paysage, un lieu, un territoire. Cette dimension géographique influencera l’écriture, les modes de jeu, la dramaturgie. Penda Diouf et Olivier Villanove souhaitent jouer des glissements entre fiction et réel, entre les figures du conte et les récits de vie des interprètes eux-mêmes.

Texte écrit par Penda Diouf pour la restitution :
Je suis Savitri, fille de ce temps fracturé où les écrans nous séparent plus qu’ils ne nous unissent. Chaque matin, je me réveille avec ce poids sur mes épaules:
les notifications qui explosent
les images de guerre qui défilent
les cris de détresse qui traversent les océans numériques.
On me dit que je devrais me contenter de swiper, de liker, de consommer.
Mais comment pourrais-je fermer les yeux quand je vois mes sœurs en Iran qui se battent pour leur liberté?
quand je vois l’Ukraine saigner
quand je vois Gaza pleurer ?
Quand je vois le Congo, le Soudan et Haïti?
Comment pourrais-je rester silencieuse quand la planète brûle?
Je refuse de baisser les bras. Dans les métros bondés, je vois des visages fatigués, des rêves brisés par la précarité. Dans les universités, je vois des étudiants qui s’endettent pour un avenir incertain. Dans les hôpitaux, je vois des soignants épuisés qui continuent de se battre.
Mes amis me disent : “Savitri, tu ne peux pas sauver le monde.” Mais ils ne comprennent pas. Il ne s’agit pas de sauver le monde, il s’agit de refuser de le laisser mourir. Il s’agit de porter en moi cette flamme qui refuse de s’éteindre.
Je milite
Je manifeste
Je vote
J’écris
Je parle
Pas parce que je crois naïvement que mes actions vont tout changer du jour au lendemain, mais parce que le silence est complice.
Parce que chaque geste compte
Chaque voix compte
Chaque cœur qui bat pour la justice compte
Oui, je pleure devant l’ampleur de la tâche. Je me sens si petite. Mais je me relève. Car je porte en moi l’héritage de toutes ces femmes qui ont refusé de se taire avant moi.
Je suis Savitri de 2025
et ma bataille n’est pas contre la mort comme celle de mon ancêtre mythique. Ma bataille est contre l’indifférence, contre la résignation, contre ceux qui voudraient nous faire croire que “c’est comme ça” et qu’on ne peut rien y changer.
Mon amour pour ce monde blessé est ma force. Ma colère face à l’injustice est mon moteur.
Car être Savitri aujourd’hui, c’est choisir l’espoir quand tout pousse à la tristesse. C’est choisir l’amour quand tout pousse à la haine. C’est choisir la vie, encore et toujours, même quand elle semble nous échapper.