Savitri à l'Atelline
Where should we begin ?
Le moment où je vois ces bombes tombées entre l’Israël et l’Iran et que je découvre les stories de mes amis iraniens qui témoignent de la peur.
Le moment où je reçois l’appel de Penda pour me dire le drame qui la secoue et qui l’empêchera d’être ici.
Le moment où j’arrive seul à Montpellier.
Ne pas savoir ce qu’il en est.
Ces derniers jours, j’ai traversé cet état.
Attendre en écoutant les nouvelles de l’Iran,
Attendre les nouvelles des amis,
Attendre les nouvelles de Penda, par bribes,
Faire de la couture entre ce que l’on sait et ce que l’on imagine.
Je regarde mon téléphone.
Chaque son de notification me fait frémir.
Par où commencer ?
Le moment où je raconte à toute l’équipe de l’Atelline le récit de notre tandem et de notre restitution en devenir… mais en attente. Sentir une écoute attentive et bienveillante. Se rassurer mutuellement sur les besoins de la semaine.
Par où commencer ?
Le moment où je rencontre Marc qui travaille ici et qui me fait le récit du programme de l’Atelline avec le projet des paysages sensibles. Je voyage dans les photos, les récits sonores, les dispositifs. Un travail de terrain qui m’inspire pour la suite mais aussi pour les projets que je mène globalement à l’Agence de Géographie Affective.
Par où commencer ?
Le moment où je retrouve Juliette la scénographe qui me rejoint pour deux journées de travail.
Je pourrais commencer par-là, oui.
Je fais le récit à Juliette de tout ce début de semaine mais aussi celui de toutes nos résidences de travail avec Penda. Juliette devient la confidente de ce que nous avons vécu, traversé. Juliette mesure la complexité du format du temps de restitution et de la rencontre professionnelle qui nous attend à Chalon. Je lui fais part de toutes les idées et matières en cours que nous avons imaginées avec Penda.
Oui, c’est un bon point de départ.
Toutes ces matières accumulées nous donnent un angle d’attaque pour travailler.
Juliette observe mon corps dans l’espace, imagine la présence de Penda et m’invite dans des mises en situation pour que nos textes soient entendus.
On imagine la table où l’on nous verra écrire en direct ; est ce en face à face ? éloignés ?
On imagine le son et sa durée où le public nous observe en train d’écrire.
On imagine ce que l’on fait pendant l’écoute de notre pensée.
On imagine un pied de micro.
on imagine les textes lus.
On fait des tests. J’expérimente des narrations multiples. Nous avons un grand nombre de personnages, de portes d’entrée, de possibles…
Where should we begin ? Telle est la question.
Le titre de ce podcast dont j’entends parler à la matinale de France inter ; la psy Esther Perel, très en vogue aux us et qui questionne les relations amoureuses. Elle m’a inspiré le temps d’un voyage à vélo entre mon logement et l’Atteline. Ce que j’en ai retenu, c'est que le conformisme est un poison à l’épanouissement de soi et/ou du couple.
Alors comment trouver sa singularité pour que nous nous sentions à la bonne place ? Ça, ce sera un bon début pour retrouver Penda avant le festival Chalon dans la rue.