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« Ici, maintenant ? Rungis»
Portrait sonore d’un lieu
Le père de la belle s’est perdu dans le dédale labyrinthique des sentiers de la nuit Il s’est souvenu de sa promesse, lui ramener une rose Le lieu semble abandonner Il appelle mais personne ne répond Ici le temps semble se suspendre La nuit arrive vite Il doit se hâter s’il veut rentrer avant que les routes ne soient infestées de loups. Il cueille une rose Il entend un rugissement La bête est en colère
Le boss va mettre la clef sous la porte S’il ne vend pas ses roses Il va mourir Son entreprise va s’éteindre Il voit ses fleurs qui périssent Ses pétales tombent les uns après les autres Quand la dernière rose aura fané Quand le dernier pétale s’évanouira Il le sait Tout s’arrêtera Il n’a pas le choix L’amour doit gagner le cœur des hommes et des femmes de paris Il doit booster ses ventes
Un vendeur à la sauvette récupère les roses Il les met dans un sceau Il parcoure la ville Il est sale il est vieux On dirait un monstre, une bête Les restaurants le refusent Ces roses sont magnifiques mais qui voudrait lui en acheter
Le marchand de rose se meurt Le vendeur ne sait comment faire Une femme en errance attend le retour de son père Elle parcourt la ville Elle rentre dans un lieu immense Le soleil se lève Les ombres de la nuit disparaissent Elle attrape une rose Elle se pique le doigt sur l’épine de la tige Elle s’endort
Le vendeur rentre bredouille. Il n’a rien vendu. Il est sale il pue. Il voit la femme évanouie. Il l’embrasse. Il attend la nuit.
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